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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/461

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SITUATION DU PAYS. 457

d’Herbois, auquel il adjoignit Fouché qui venait de faire ses preuves à Nevers; dix-neuf patriotes, choisis parmi les membres du club de Paris, et trois mille hommes de l’armée révolutionnaire devaient les aider à satisfaire à Lyon la vengeance populaire. D’autres armées révolutionnaires furent établies dans les départements voisins, après quoi l’œuvre de destruction commença avec un enthousiasme digne de cannibales. Collot d’Herbois et Fouche remplacèrent les autorités administratives du département par une commission provisoire qu’ils investirent de pouvoirs illimités, et qui, par leur ordre, publia le 46 novembre une instruction détaillée, destinée à faire connaître leur système aux patriotes (i). « Tout, y était-il dit, tout est permis à ceux qui agissent en faveur de la Révolution; vous étiez opprimés. vous, devez exterminer vos oppresseurs la République ne veut que des hommes libres, elle est résolue à anéantir tous les autres; la soif d’une juste vengeance répond à un devoir impérieux si vous êtes patriotes, vous saurez reconnaître vos ands et vous jetterez tous les autres dans les prisons, d’où ils ne sortiront’que pour porter leur tête sur l’échafaud. Quiconque possède plus que ce qui est nécessaire à sa subsistance doit donner l’excédant pour subvenir aux frais de la guerre et de la Révolution tout superflu est une violation évidente et frauduleuse des droits du peuple emparez-vous doncde tous les draps, de toutes les chemises, de tous les souliers qui peuvent être utiles aux troupes, et surtout apportez dans les caisses de l’État tout ce que vous trouverez en métaux précieux rappelez-vous enfin que le républicain n’a pas d’autre Dieu que sa patrie, d’autre culte que celui de la liberté, d’autres mœurs que celles de la nature, et mettez tout en œuvre pour détruire à jamais le fanatisme, quel qu’il soit. »

Aucun des principes ainsi proclamés ne resta un vain mot. Dans une fête célébrée en mémoire de Chalier, un âne fut coiffé d’une mitre d’évêque, une croix et une Bible furent attachées à sa queue, et on le fit boire dans un calice sacré. Toutes. les églises du département furent fermées, tous les prêtres mis en arrestation. La destruction des maisons s’organisa sur une (1) Publiée par Guiltuu de Monteon, .V~Mf~’M ~’Mr~o/i.