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SITUATION DU PAYS. 461

conduite de’l’artillerie de siège. Quelques paroles échangées avec le général, qu’il trouva occupé à établir une batterie à une lieue. de la flotte ennemie, suffirent pour le convaincre de son incapacité. Dès le premier examen, la sûreté de coup d’œil du jeune capitaine lui fit découvrir quel était le point décisif de la position ennemie. Mais Carteaux ne le comprit, pas, et lui répondit qu’il comptait réchauffer Toulon pendant trois jours par le feu de ses batteries, puis donner l’assaut sur trois colonnes; néanmoins, Vincent, Hébert et d’autres protecteurs continuèrent à le soutenir, et s’opposèrent à la nomination de Lapoype(l). Vers le milieu d’octobre enfin, le Comité de Salut public ayant insisté pour qu’on lui donnât un successeur, Bouchotte remplaça son favori par le général Doppet, alors commandant de l’armée des Alpes. Doppet était un médecin de Chambéry que ses idées démagogiques avaient, comme Carteaux, promu aux honneurs militaires, mais qui, doutant de sa propre capacité, ne se pressa pas de se rendre devant Toulon lorsqu’il y arriva, le 9 novembre, le Cbmité de Salut public, malgré la répugnance de Bouchotte, s’était décidé à approuver le plan de Bonaparte et à confier le soin de diriger l’attaque a Dugommier, brave et habile soldat de l’armée d’Italie, qui avait blanchi dans les combats. Doppet en reçut la nouvelle le 10 (2); toutefois, avant l’arrivée de Dugommier, il se trouva à l’attaque d’un ouvrage avancé de la citadelle, où il donna le signal de la retraite, dès qu’une balle ennemie,-en tuant un adjudant à ses côtés, lui eut fait voir de près les dangers du métier des armes. Les soldats raillèrent hautement sa lâcheté et les hommes qui l’avaient nommé « Quand ces Parisiens cesserontils de nous envoyer pour généraux des peintres et des médecins ? r s’écriaient-ils. Cependant Bonaparte avait réuni un parc de deux cents pièces ~d’artitlerie, des renforts et des recrues affluaient de tous côtés, et l’armée, portée peu à peu à soixante mille hommes (3), sentitbientôtqu’eUe était sous la main sûre et ferme d’un vrai capitaine. On pouvait enfin commencer l’investissement de la place sans se préoccuper des attaques des alliés. (1) J~? vieux Cordelier en dit quelque chose, N. 5.

(2) Voyez les pièces dans les Mémoires de Doppet. Les assertions de Napoléon, telles que les donnent Gourgaud et .Honthoton~ sont très-inexactes.

(3) D’après les états des archives de la guerre.

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