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LUTTES DE PARTIS ENTRE MS’JÂCOMUS..677

Pendant toutes ces querelles, qui remplirent le mois d’octobre, les Hébertistes ne cessèrent de témoigner la plus haute estime à Robespierre. Celui-ci ne répondait à Chabot et à Hébert que par une dédaigneuse indifférence; il travaillait en secret à resserrer ses rapports avec Fabre, Camille Desmoulins et Danton, et au commencement de novembre, lorsque le départ de Collot d’Herbois pour Lyon lui laissa le champ libre au Comité de Salut public, il était prêt à entrer en lutte. Le 8, Hébert lui donna l’occasion de dessiner sa nouvelle position, en accusant aux Jacobins Fréron et Duquesnoy, commissaires de la Convention, l’un à Toulon, l’autre prés de l’armée du Nord, de s’être rendus coupables de différents abus, et surtout d’avoir protégé des généraux incapables, par la seule raison qu’ils étaient leurs parents. Le lendemain, Robespierre parut aux Jacobins accompagné de Duquesnoy, qui prouva par des faits la fausseté des accusations portées contre lui; puis, lui-même déclara qu’il y avait deux sortes d’ennemis de la République d’un côté, les patriotes faibles ou égarés, qui n’étaient que l’écho de ceux qui les trompaient; de l’autre, les créatures déguisées des cours ennemies, de Pitt et de Cobourg, qui calomniaient les généraux patriotes et cherchaient à diviser les républicains entre eux, pour prendre la place du Comité de Salut public. Ici l’Assemblée, l’interrompant, lui cria qu’il fallait qu’il restât à son poste. Quant à Hébert, il ne proféra pas une syllabe, et, deux jours après, il retira sa plainte contre Duquesnoy; il était visiblement surpris et embarrassé par cette attaque inattendue. Cette impression fut encore plus forte chez Chabot, qui, se voyant déjà en imagination entraîné dans la chute du parti de l’Hôtel de Ville, se décida dans sa terreur à une démarche de la plus grande bassesse. Il vint trouver Robespierre et lui raconta que, depuis le mois d’août, Hébert et Chaumette l’avaient attiré ’dans une conspiration contre la Convention; que les députés Julien et Delaunay s’étaient chargés de fournir les fonds nécessaires que, quant à lui, il n’avait consenti à y entrer que pour en bien connaître les détails, et que maintenant il demandait une enquête et le châtiment des coupables.

Robespierre s’empressa de profiter de l’avantage qui s’offrait ainsi à lui. Le 27 novembre, il présenta à la Convention, au nom