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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/482

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A?3 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

du Comité du Salut public, un rapport sur la politique extérieure de la France, rapport tout à fait conforme aux idées de Danton à l’égard des relations extérieures, et en opposition complète avec les principes de renversement des tyrans et de guerre universelle proclamés autrefois dans sa Déclaration des droits de l’homme. Il y louait le système d’une politique modérée, offrait la protection de la France aux petits États de l’Europe, et promettait aux pays neutres que leurs droits seraient scrupuleusement respectés. Les manifestations diplomatiques s’en tinrent à ces généralités dans ses actes, le Comité de Salut publie était encore bien loin de ce programme; il poursuivait ses intrigues révolutionnaires dans la province neutre de Gênes, et restait sourd aux demandes de secours et de protection que lui faisait la Suède (1). Ce rapport ne s’adressait pas à l’Europe, mais simplement aux partis’qui divisaient la France. Ne pouvant attaquer les Hébertistes dans leurs actes, auxquels on avait pris une si large part, on voulait leur attribuer des projets de trahison; dans ce but, Robespierre parlait d’un parti qui entonnait la trompette guerrière afin d’isoler la France du reste du monde, et qui souillait la Révolution par des crimes de toute nature pour lui aliéner l’affection de tous les peuples. Il était assez difficile de deviner à qui il faisait ici allusion, car il dénonçait tout à la fois c le cruel modérantisme s (du premier Comité de Salut public) et « l’exagération systématique des faux patriotes B (Hébert et Vincent). Mais bientôt, rejetant toute équivoque, il livra sans détours à la publicité les révélations de Fabre et de Chabot au sujet des Hébertistes. « Punissez enfin, s’écria-t-il, le plus odieux de tous les crimes, la contre-révolution cachée sous le masque du patriotisme, la destruction de la liberté par ses propres armes. Tous ces fils sont dans la main déloyale du ministère anglais; c’est Pitt qui dirige ces faux démocrates. Toutes les nouvelles, tous les renseignements, tous les’ indices nous apprennent que l’on veut corrompre les plus faibles d’entre les représentants, égorger les incorruptibles, et amener ainsi la dissolution de la Convention. »

L’Assemblée écouta ces révélations avec une approbation évi" (1) D’apte les dépêches de Staël déjà citées.