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LUTTES DE PARTIS ENTRE LES JACOBINS. 488

les citoyens dans les sections, les paysans dans les villages, et rendirent à la masse intimidée de la population le courage de manifester sa haine contre la faction ainsi flétrie.

L’effet produit par ces feuilles ne fut pas moins vif à la Convention et aux Cordeliers que dans le peuple. Quiconque tenait par quelque lien à Hébert ou à Bouchotte n’eut plus d’autre désir que celui de se venger de l’écrivain téméraire qui osait blasphémer ainsi contre lasainteté de la Révolution démocratique. Quant aux autres fractions de la Montagne, à celles même qui marchaient à la suite de Robespierre et de Danton, elles ne partageaient nullement la haine do Camille Desmoulins contre Hébert. Elles avaient pris aux mauvais traitements exercés contre le peuple une part tout aussi active que les Ilébertistes; elles avaient rendu et mis en vigueur les lois sur les accaparements et le maximum, sur les réquisitions et les suspects, tout aussi bien que les amis de Pache et de Boucbotte; elles se savaient, tout autant que ces derniers, jugées et condamnées par l’upinion publique que Camille Desmoulins avait réveillée. Sans doute, elles n’entendaient pas abandonner la toute-puissance à la Commune, et elles n’étaient pas fâchées que les projets de cette dernière fussent soupçonnés d’être suggérés par Pitt; mais, quant à leur propre despotisme, elles voulaient à tout prix continuer à l’exercer aussi regardaient-elles comme une insulte qui leur était personnelle toutes les attaques dirigées par Camille Desmoulins contre les lois de septembre. A la, Convention donc, le Fïe~;c Cordelier fit pencher l’opinion en faveur des Iléberf.istes, et le Comité de Salut public ne tarda pas à ressentir les effets de ce changement. Sur la proposition du Comité, la Convention avait défendu, le 6 décembre, de mettre obstacle au libre exercice du culte divin, et le 8, elle avait décidé qu’aucun impôt révolutionnaire ne serait établi à l’avenir sans qu’elle l’eût décrété. Ces deux décisions étaient, au plus haut degré antipathiques aux Hébertistes, car toutes deux restreignaient le pouvoir des commissaires de la Convention; il fut donc déclaré le 8, en dépit du Comité et de ses nouveaux sentiments, qu’elles n’engageraient que l’avenir et n’auraient aucun effet rétroactif sur les ordres déjà donnés par les commissaires. Or, ces ordres étaient d’une si immense portée que c’était réduire les décrets à néant. Ce fut