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LUTTES DE PARTIS ENTRE LES JACOBINS, soi

Les Dantonistes voyaient le danger s’approcher et en étaient consternés mais ils étaient déjà si intimidés que nul n’osa s’agiter ou se compromettre par un ~eul signe d’intérêt. Tous restèrent muets et immobiles. A Paris, le procès des Ilébertistes absorbait toute l’attention la bourgeoisie éprouvait une immense satisfaction à voir frapper de représailles les monstres qui avaient ruiné et perdu tant de millions d’hommes, et la populace, qu’Hébert lui-même avait familiarisée avec les crimes et le sang, le voyait menacé de la hache du bourreau avec la même indifférence que s’il se fût agi de toute autre victime. Pour lui, complétement accablé et incapable de se dominer, il passait d’évanouissement en évanouissement, tandis que son ami Ronsin restait calme et ferme, et prédisait une prompte vengeance aux auteurs de leur ruine. Après une instruction de trois jours, ils furent exécutés le 2A mars, au milieu d’un concours immense de spectateurs animés d’une satisfaction non dissimulée. Leur chute eut pour premier résultat la dissolution de l’armée révolutionnaire qu’ils avaient créée et qu’ils animaient de leur esprit. Cette dissolution fut prononcée le 26 par la Convention.

Le Comité de Salut public était pressé de mettre fin à toutes ces complications en exterminant de même les Dantonistes. On était d’accord sur le fait en général; mais, au dernier moment, quelques difficultés s’élevèrent encore lorsqu’il fallut arrêter le choix des victimes. A côté de l’influence de Saint-Just et de Billaud, Robespierre en subissait d’autres d’une nature opposée, celle de Tallien surtout, qui, après avoir participé avec Danton aux massacres de septembre, lui était resté personnellement attaché, mais qui était ennemi de toute mesure de clémence. A son retour de Bordeaux, il fit une dernière tentative de réconciliation et obtint qu’une entrevue eût lieu entre Danton et Robespierre mais cette entrevue n’eut aucun résultat. Robespierre ayant reproché à Danton de soutenir Camille Desmoulins et Philipeaux, et d’être, par conséquent, un conspirateur avéré, Danton fondit en larmes. « L’orgueilleux pleure dit Robespierre en s’éloignant avec mépris. Un certain Paris, secrétaire du tribunal révolutionnaire, ménagea une seconde rencontre, qui se termina encore plus brusquement. « Il faut détruire les royalistes sans doute, dit Danton, mais il faut épargner les inno-