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50 Q COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

pour certain qu’une manifestation énergique des Français suffirait pour provoquer une explosion à Londres, et pour remettre le gouvernement du pays aux mains d’une convention nationale. Le dernier anneau de cette chaîne de projets révolutionnaires était formé par l’île d’Irlande, qui portait en ce moment dans son sein le germe d’un double mouvement mouvement légal vers une réforme à laquelle aspiraient les catholiques, et mouvement révolutionnaire, par lequel les dissidents protestants cherchaient à se détacher de l’Angleterre. Ces derniers, dans leur irritation puritaine contre la royauté et l’Église épiscopale, avaient noué d’étroites relations avec les plus radicaux des clubs anglais, et entretenaient avec Paris un échange continuel de lettres qui leur apportaient, chaque semaine, l’assurance d’un énergique appui. Pour soutenir ses promesses, la France avait mis vingt et un vaisseaux de ligne en mer depuis le mois de septembre; elle en avait encore sept sur le chantier, plus trente frégates prêtes à mettre à la voile, vingt-trois qui n’attendaient plus que le dernier armement, et elle calculait avec joie que l’Angleterre ne possédait alors que seize mille matelots et soldats de marine, ce qui représentait à peine l’équipage de douze vaisseaux de ligne. Des sommes considérables étaient envoyées par elle de l’autre côté du détroit (ces sommes s’élevèrent au moins à 30 millions jusqu’à la fin de l’année, toutes en assignats naturellement, lesquels étaient échangés en Angleterre contre de l’argent pour la moitié de leur valeur nominale), et la presse française de tous les partis faisait de constants efforts pour enflammer les deux nations en faveur de la grande oeuvre de la Révolution (1).

Pitt était resté jusque-là inébranlable dans ses idées de paix et de neutralité (2). Qu’il rejetât les principes de la Révolution, nul (i) Sur tous ces faits, consulter le livre de Herbert Mars!), entièrement écrit d’après des documents authentiques Aperçu historique de la politique de /K~/eterre et de la France depuis la convention de P~MtbyM~M~ cMc&u’ah’fM de guerre. Lord Stanhope, dans sa Fi’ef/ePtM, n’y a rien ajouté de nouveau. Les .~t<cM<M~paper. H, 472, 481, confirment ces assertions.

(2) Il est à peine nécessaire aujourd’hui de produire des preuves à l’appui de ce fait, jadis tant discuté. Tous les actes, toutes les dépêches, toutes les correspondances des diverses puissances en prouvent la véracité, tandis que ceux qni soutiennent le contraire n’ont pas l’ombre d’un témoignage à mettre en avant. En juillet 1792, le nunisLet’e anglais charge son ambassadeur n la H;)ye de