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BRUXELLES. – FRANCFORT. LONDRES. SI

n’en pouvait douter; mais il ne songeait pas le moins du monde à une intervention active. Burke, qui s’occupait avec zèle et intelligence des émigrés français, était désespéré de l’imprévoyante inertie des ministres, et, à l’automne de 1792 encore, il disait à son fils qu’il redoutait l’alliance de l’Angleterre avec la Révolution. Les demandes instantes de la Prusse, qui arrivèrent à Londres du fond de la Champagne, restèrent sans effet; c’était en vain également qu’à Saint-Pétersbourg le chancelier faisait ressortir aux yeux de l’ambassadeur anglais, avec une éloquence infatigable, le caractère subversif de la Révolution française, Pitt restait inflexible. Il n’est pas vrai, comme on l’a tant de fois répété sous Robespierre et sous Napoléon, que, redoutant pour l’Angleterre une dangereuse concurrence, il se soit’ réjoui des désastres financiers de la France, de la ruine de son commerce et de celle de ses colonies; il avait devant les yeux, au contraire, des chiffres positifs qui lui prouvaient quelle était pour l’Angleterre l’importance du commerce avec la France, notamment depuis 4 787. L’appauvrissement de la France aurait constitué, pour l’industrie anglaise, une perte que ne compensaient nullement les avantages que la révolte de Saint-Domingue avait procurés aux colonies à sucre de l’Angleterre. Noël annonça donc le A octobre à Danton que Pitt était sur le point de donner de pleins pouvoirs à lord Grenville pour une négociation omcielle, laquelle aurait peut-être pour résultats la reconnaissance de la république française par l’Angleterre, et la médiation britannique dans la guerre entre la France et l’Allemagne. Noël demandait instamment des instructions détaillées, disant que les ministres anglais, qui ne recevaient plus rien de Paris, commençaient à croire qu’on avait eu l’intention de les tromper.

Mais nous savons quelles propositions toutes différentes ne tardèrent pas à traverser la Manche, et comment le ministère anglais ne put bientôt plus douter du désir de conquête qui animait les hommes de là-Révolution. Le 6 novembre encore, détourner la Ilollatide d’entrer dans la coalition (C<w<M/)fMf/Mce oy Auckland, n ai 9). U est irrité de la conduite de la Prusse à l’égard de la Pologne (~ M3/ En septembre, ie gouvernement anglais refuse de s’expliquer sur ses vœux par rapport à la France, en atteguaut sa neutralité. Il se borne à exprimer le désir vague que la France n’entreprenne pas une guerre de conquCte, et qu’eUc sorte de l’anarchie dans laquelle elle est plongée. (/& 4~3.)