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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/59

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BRUXELLES. – FRANCFORT. – LONDRES. 55

tion, des sociétés constitutionnelles se formèrent en opposition aux clubs révolutionnaires, la presse se déclara presque unanimement en faveur de l’état de choses existant. Ce fut un de ces moments où l’intérêt national pèse de tout son poids dans la balance politique de l’Angleterre, et entraîne irrésistiblement tous les partis à sa suite. Lorsque, le 13 décembre, la Chambre des Corn-" munes ouvrit ses débats, l’opposition fut comme étouffée par le changement subit qui venait de s’opérer dans l’atmosphère. Les chefs ne voulaient pas même tenter un vote à l’occasion de l’adresse; mais Fox déclara avec une imprécation qu’il en appelait à toute la chambre. Il eut alors là déception de voir quelques républicains seulement, et quelques rares amis personnels, sous la pression d’une contrainte visible, oser se prononcer pour lui il n’obtint que cinquante voix sur trois cent quarante. Le triomphe du ministère fut si brillant, si incontestable que ses adversaires y trouvèrent un motif de reproches. <: Où donc, s’écrièrent-ila, où donc est le danger qui exige cette démonstration extraordinaire? Quelles sont donc les forces de l’insurrection, pour qu’on doive s’en garantir au prix de la liberté de l’Angleterre et de l’amitié de la France? Ces remarques eussent été justes, sans doute, si le gouvernement n’avait eu affaire qu’aux radicaux du pays; mais elles ne l’étaient pas en ce moment, car personne ne pouvait se dissimuler que le véritable danger résidait dans les idées de guerre et d’attaque de la France. La nation ne s’y trompait pas; Fox en fit l’épreuve lorsqu’il proposa, le 16, que l’Angleterre reconnût la République française et accréditât un ambassadeur à Paris. Cette fois, on n’en vint pas même au vote; les dehors mêmes de la Chambre retentirent aussitôt d’imprécations contre l’ancienne idole de la faveur populaire des Anglais. Pitt était bien éloigné de vouloir abuser de la force que lui donnait sa nouvelte situation. Il se contenta de prendre les mesures nécessaires à la défense du pays. Pour rendre vaines les intrigues des agents français, il exigea l’organisation d’une police active à l’égard des étrangers; afin de leur enlever leurs moyens matériels d’insurrection, il demanda que le papier-monnaie français ne pût avoir cours en Angleterre, et que l’exportation du blé anglais dans les ports de France fût interdite. Quant à la force armée du royaume, il proposa de la porter à vingt-sept