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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/68

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M COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAtSË.

dins de méditer la restauration de Louis XVI la Gironde demanda si la Montagne ne réclamait pas la mort du roi dans le but de mettre le duc d’Orléans sur le trône. L’excitation des esprits augmentant de jour en jour, on en arriva bientôt à des invectives, à des explosions de colère, à des menaces à main armée. Quanta à la question principale, elle resta longtemps indécise. Au milieu de ces scènes orageuses s’élevaient cependant, de temps à autre, quelques voix qui s’indignaient contre la brutale omnipotence de la Convention, et qui demandaient qu’en l’absence de lois pénales on ne profanât pas le nom de juges ces voix étaient celles de Morisson, de Fauchet et surtout de Lanjuinais, qui résistèrent avec une fermeté intrépide à toutes les menaces et à toutes les considérations de prudence personnelle. Les Montagnards n’en exigèrent qu’avec plus de violence que la Convention, du moment qu’elle avait proclamé sa toute-puissance, en usât immédiatement pour anéantir le tyran, au lieu de passer son temps à s’occuper des formes légales d’un procès hypocrite et funeste à la liberté. Saint-Just donna ici le signal, et prit, a partir de ce moment, une position importante dans son parti lui aussi s’écria, comme Morisson, qu’on ne pouvait pas juger le roi, mais il en concluait qu’on devait le poignarder comme ennemi et prisonnier de guerre, puisque le crime d’avoir été roi sufrisait pour le mettre hors la loi. Par suite de ce principe, Saint-Just s’épargna la peine de chercher d’autres preuves de la culpabilité de Louis XVI; les autres orateurs n’y songèrent pas davantage, car tous étaient mus non par la justice, mais par des motifs d’intérêt politique. De secrets calculs se cachaient derrière la violente agitation des partis. Les uns espéraient noyer tous leurs adversaires politiques dans le sang de Louis XVI; les autres espéraient, par les mauvais traitements exercés contre le roi, provoquer la chute de la royauté dans l’Europe entière. Le centre de l’Assemblée surtout retentissait de menaces belliqueuses adressées à l’Europe. a L’élan est donné au monde entier, s’écriait Grégoire, les peuples se jettent au-devant de la liberté, le volcan va faire explosion et transformer le globe terrestre! Mais si vous laissez Louis sans châtiment, l’Europe se verra arrêtée dans son impulsion, et les despotes profiteront sur-Ie’champ de ce temps d’arrêt. » « Vous savez, disait Thomas Payne, vous savez que tous les brigands