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PROCÈS DE LOUIS xvr. es

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couronnés de l’Europe se sont ligués contre la liberté; un des leurs est en votre pouvoir, ne vous en dessaisissez pas avant d’avoir entièrement démasqué leurs exécrables intrigues. Le même thème se reproduisait sans cesse avec des variations infinies. Le torrent déchaîné des injures et des outrages poursuivit ainsi son cours pendant des semaines entières, sans qu’un fait positif pût être prouvé, et sans que la discussion avançât d’un seul pas.

Au milieu de ce débordement d’un fanatisme qui n’était qu’à moitié sincère, le ministre Roland parut le 20 à la Convention, pour y faire une communication inattendue. Il avait appris, dit-il, que Louis possédait aux Tuileries une armoire de fer dans laquelle il renfermait des papiers importants lui, Roland, avait découvert cette armoire et trouvé ces papiers, lesquels, autant qu’il avait pu s’en assurer dans un aperçu rapide, contenaient les noms de plusieurs députés; il les apportait à la Convention pour les lui faire lire et examiner, attendu que, sans nul doute, ils seraient d’une haute importance pour le procès.

Il faut remarquer ici que Roland fut plus tard accusé par les Jacobins d’avoir soigneusement examiné ces papiers avant de les livrer à la Convention, et d’en avoir fait disparaître quelques fragments, par lesquels plusieurs Girondins se seraient trouvés compromis; on alla jusqu’à prétendre qu’il s’était fait renseigner par Louis XVI lui-même sur cette découverte, peu importante d’ailleurs, comme on le reconnut bientôt, afin de faire traîner le procès en longueur. Le ministre protesta alors, contrairement à sa première assertion, qu’il n’avait pas lu ces pièces, et qu’il avait immédiatement ordonné de les porter a la Convention. Louis XVI, de son côté, non-seulement nia l’existence de l’armoire de fer, mais ne voulut pas reconnaître les papiers qui lui furent présentés, bien qu’ils fussent tous du temps de la Constituante et, par conséquent, antérieurs à l’aciceptation de la constitution et à l’amnistie générale. Pour mettre le comble à l’incertitude qui régna dans toute cette affaire, les commissaires de la Convention n’avaient pas visité l’armoire; ils déclarèrent même, lors de la publication des papiers qui y avaient été découverts, qu’ils n’avaient pas pensé que l’impres-