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7~ COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

conque dominait Paris dominait également la Convention; tout dépendait donc de cette question Les Jacobins parviendront-ils à susciter une nouvelle révolte des Parisiens, pour arriver à subjuguer l’Assemblée ? Depuis le mois de septembre, il n’existait plus qu’un moyen de prévenir cette révolte, c’était d’avoir sous la main une force armée capable de commander à tous le respect et la crainte. C’était de cela, et non de discours, de votes, ni même de la volonté populaire qu’il fallait s’occuper. Tandis que les assemblées primaires délibéraient, une émeute au sujet du pain pouvait renverser la Convention; et quand bien même ces assemblées réussiraient à infliger un vote de blâme à la Montagne, il fallait encore avoir les moyens de contraindre la Montagne à l’obéissance. Le plan de la Gironde était donc vicieux à tous égards. Il eût beaucoup mieux valu chercher par tous les moyens possibles à appeler les fédérés à Paris, et mettre tout en œuvre pour dominer la situation par la possession de la force armée. Si l’on trouvait à cela trop d’inconvénients, et il en existait de graves, en effet, il restait encore d’autres moyens. Dumouriez était précisément alors en rupture ouverte avec les Jacobins; la Gironde eût pu entrer en relation avec lui par l’intermédiaire de Gensonné; le conquérant de la Belgique était, plus que tout autre, propre à leur servir de bouclier et de glaive contre les anarchistes. Danton leur offrait encore une autre ressource, car c’était lui qui avait suggéré l’idée de l’appel au peuple, et, par là, il s’était complétement séparé des Jacobins. Il aurait suffi de s’entendre avec lui pour paralyser les bandes prêtes au combat dont le club disposait actuellement. Danton ne Voulait qu’atteindre le but, et ne serait pas montré scrupuleux sur les voies à suivre et sur les moyens à employer.

Tout cela, sans doute, n’était ni facile ni exempt de dangers, mais là seulement se trouvaient des chancesde salut. Ce qu’il fallait à la Gironde, c’était une force armée résolue, qui pût agir en son nom, ou le concours des divers partis pour marcher sans hésitation vers un but commun, le renversement des Jacobins. Mais, au lieu de recourir à ces moyens, la Gironde persista dans sa répulsion contre Dumouriez, au point qu’en décembre, Gensonné lui-même rompit la correspondance qui avait existé jusque-là entre lui et le général, et elle continua à témoigner