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a COMMENCEMENT DE LA. UUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

des princes allemands. Des hommes d’Ëtat au génie hardi et fécond se rattachèrent à, ces idées de progrès en Danemark, en Suède, en Espagne, en Portugal; enfin, le plus ferme représentant que l’ancien système eût eu jusqu’alors, l’empire d’Autriche lui-même, fut ébranlé jusque dans ses fondements par une main impériale. Il n’y eut plus un point en Europe où l’esprit d’innovation, l’amour de la vérité e~ de l’humanité ne se fissent sentir. Cet esprit, on le conçoit facilement, bien que créateur et philanthropique dans ses aspirations, renfermaitaussi, par sa nature même, des éléments de discorde et de licence. Les anciennes institutions étaient tombées, mais les lois nouvelles étaient loin encore d’être reconnues et en vigueur. Le sol tremblait et l’ancien édifice s’écroulait de toutes parts; de vieilles ruines et des germes encore grossiers se trouvaient jetés pêle-mêle, toutes les passions s’entrechoquaient, le monde semblait être devenu la proie de la violence. Ce siècle, auquel nous sommes redevables tie l’organisation de l’instruction publique, de tant de mesures bienfaisantes destinées à améliorer la situation des classes pauvres, et d’une si grande sollicitude pour la vie des individus, ce siècle fut, dans ses luttes, brutal, et impitoyable. Ceux qui le déclarent plein de rudesse~et d’égoïsme, trouvent autant de faits à l’appui de leur opinion que ceux qui le proclament l’aurore d’un avenir de bonheur car cette époque, qui ne voulait s’incliner devant, aucune idole, en arriva souvent à ne plus adorer que sa propre force. Dans son désir de renverser toutes les autorités établies et toutes les lois arbitraires, elle oublia en mainte occasion grave à quelles lois éternelles est soumise la nature humaine, et, après avoir détruit toute discipline extérieure, elle ne trouva plus pour guides que sa passion et son caprice. Le nombre de ses erreurs et de ses excès devait être d’autant plus considérable que sa mission était plus haute et plus difficile il se peut même qu’une idée destinée à changer le sort des nations et qui eût été acceptée par la masse des hommes sans choc et sans luttes eût. difficilement pris assez de consistance et de profondeur pour servir de base à un vaste avenir. L’idée de la liberté moderne est doncjievenue, dans le cours de son développement, la proie des passions humaines sans doute, son ménte~ncontestable n’excuseras le mauvais emploi qui en