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84 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAtSE.

lieu le 8 août; une autre annonça à la Convention que si elle rendait un verdict d’acquittement, le roi n’en mourait pas moins, dussent tous les républicains être anéantis (1); la municipalité prit de nouveau la résolution arbitraire de faire imprimer les noms des huit mille et des vingt mille pour les livrer à la colère des amis de la liberté (2); peu à peu enfin l’effroi devint si grand, que plus de quatorze mille personnes quittèrent Paris dans la dernière semaine de l’année, craignant de voir se renouveler les horreurs de septembre (3). Il était évident que la sympathie du plus grand nombre était acquise au roi et aux Girondins, mais que l’audace eti’action appartenaient à la Montagne. Là où le pouvoir du Conseil communal ne suffisait pas, on faisait intervenir le Comité de Sûreté générale, composé exclusivement de dantonistes et de maratistes, et qui était alors l’organe le plus puissant de la police politique. Quant au gouvernement et à la Gironde, ils n’avaient toujours qu’un seul moyen de résistance, les fédérés, forts actuellement de cinq mille six cents hommes; mais des symptômes de plus en plus alarmants commençaient aussi à se manifester de ce côté, et les Girondins, qui jusqu’ici avaient vaillamment résisté aux Jacobins dans le procès du roi, en arrivaient à désirer ardemment la fin de la crise, quelque favorables que fussent d’ailleurs les nouvelles des départements. Plus la discussion avançait à la Convention, plus l’agitation devenait violente des deux côtés. Le 3 janvier 1793, le Comité de Sûreté générale annonça qu’une correspondance entre Louis XVI et trois chefs de la Gironde, Vergniaud, Guadet et Gensonné, venait d’être découverte. Il s’agissait des lettres transmises par Boze le 20 et le 26 juillet, et l’exposition complète des faits suffit pour absoudre les inculpés du reproche d’intrigues royalistes; mais l’excitation des esprits était trop grande pour que le soupçon ne continuât pas à planer sur eux. Au dehors, le peuple proclamait avec une ardente conviction la trahison de la Gironde à la Convention même, plus d’un indépendant s’inquiétait des conséquences possibles du triomphe de ce parti enfin, la fâ(i) 24 décembre, section du Théâtre-Français; 27, section du Luxembourg. Gensonné à la Convention, 2 janvier. Bourdon aux Jacobins, 30 décembre. (2) Révol. de Paris, 29 décembre.

(3) Chronique de Paris, 26 décembre.