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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/89

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PROCÈS DE LOUIS XVI. 85

cheuse impression produite par la proposition de Buzot au sujet des Assemblées primaires était de plus en plus confirmée et augmentée. Lorsque, le /t janvier, Barbaroux proposa de clore la discussion, Barrére, bien qu’il fût un des auteurs du projet d’appel au peuple, lui répondit par un long discours, dans lequel il demanda, en s’appuyant sur des motifs très-puissants, la sentence de mort contre Louis XVI, et la sentence rendue par la Convention seule. Rien ne pouvait caractériser plus éloquemment la disposition des esprits.

La Gironde cependant ne crut pas encore devoir renoncer à la victoire, et elle dirigea toute son attention sur le point décisif, la police de Paris. Elle réussit le 9 janvier, lors de la réélection du Comité de Sûreté générale, à n’y faire nommer que ses partisans, et à se rendre ainsi maîtresse de l’instrument le plus important pour la surveillance de la capitale. Mais les Jacobins ne tardèrent pas à prendre leur revanche. Tandis qu’ils travaillaient les fédérés déjà fort ébranlés, tandis que le Conseil de la Commune demandait que le ministère de la guerre livrât un’parc d’artillerie de cent vingt canons aux sections de Paris, tandis que la Commune, pour exciter les masses, ordonnait le 13 la fermeture de tous les théâtres, chaque section instituait dans son sein même un comité de surveillance chargé de la police et investi de pouvoirs illimités, et la section Gravillers proposait l’érection d’un grand comité de police pour la ville entière et la convocation d’un jury chargé de poursuivre tous les a~e/a?~, comme on nommait les partisans de l’appel au peuple. En même temps, la question sociale était agitée de nouveau le 13, une députation des quarante-huit sections demanda à la Convention le cours forcé des assignats; c’était chose irréalisable, mais cela fournit l’occasion d’accuser les Girondins de protéger les accapareurs et de leur prédire une chute honteuse, aux applaudissements des tribunes. L’effet de toutes ces menées était des plus graves. Chaque soir, quelque désordre se produirait aux portes des théâtres; des bandés de fédérés armés commençaient à se montrer aux Jacobins, et, le 1&, on entendit rouler sur le pavé de Paris les canons du parc d’artillerie, livré volontairement par Pache. Toutes les tentatives faites par la Gironde pour obtenir que la Convention s’opposât à ces mesures furent