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Page:Sylva - Les Pensées d'une reine, 1882.djvu/23

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bien vite, le charme, la brume d’une modestie, un étonnement ingénu de répondre au titre de Majesté, un oubli du rang qui montre mieux tout cet éclat en le voilant et qui embarrasse précisément ceux qu’il veut accueillir.

Je savais que la reine porte en elle un deuil inconsolable et que la mère, désormais sans enfant, attise sa douleur par son inépuisable sollicitude envers les pauvres orphelins. Fût-ce seulement l’idée de ce deuil, ou le soupçon injuste de quelque autre nostalgie, qui me mit dans l’esprit les vers soupirés par Marie de Neubourg, dans Ruy Blas ?


Que ne suis-je encor, moi qui crains tous ces grands,
Dans ma bonne Allemagne, avec mes bons parents !
Comme ma sœur et moi nous courions dans les herbes !
Et puis, des paysans passaient traînant des gerbes…
Nous les portions !… C’était charmant…