Page:Sylvain - En flânant dans les portages, 1922.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le bon silence

La moindre villette, se donnant des airs de métropole, sue du bruit par tous ses pores. Le bruit nous tyrannise, nous harcèle, nous tient en esclavage.

Dès le matin, à travers murs et fenêtres, s’introduisent, explosifs, les mille fracas de la rue. Au déjeuner, l’appel téléphonique coupe votre café, tandis que l’usine en miniature qu’est votre maison, met en branle ses machines : réfrigérateur, moulin à laver, brûleur à l’huile ; et, comme si ce n’était pas assez de tous ces échos domestiques, la radio vous hurle ceux de tout un continent, sans compter les grinçants parasites.

Il vous prend quelquefois des envies de couper tous ces fils d’aspect innocent, qui transportent, du haut de leurs laids poteaux, le fluide magique né au grondement étourdissant des dynamos, qui s’en va, des lieues plus loin, animer d’innombrables inventions plus bruyantes les unes que les autres, et prolonger, tard dans la nuit, un jour factice engen-