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LE BON SILENCE

dreur de tapage. Quel triomphe scientifique ! Oui, mais si la science pouvait triompher en silence et dispenser le progrès sans troubler la bonne paix de vivre !

Merci mon Dieu, merci à vous, inventeur parfait, qui avez pu mettre en branle, le soleil, la lune, les planètes, faire tourner la terre entière, sans la moindre trépidation. Prions qu’un jour, après avoir empêché ses chevaux-vapeur de hennir, le génie-civil, les domptant tout-à-fait, les empêche même de piaffer.

Nos tympans délicats, faits pour vibrer doucement aux voix de la nature, et non pour résonner comme des tambours sous le marteau de l’industrie, s’émoussent tellement, que le murmure continu des bruits familiers ne les impressionne plus guère.

Nous sommes si habitués au bruit que le silence nous étonne ; de même que l’arrêt subit, en pleine nuit, des machines d’un navire en marche, fait se réveiller en sursaut les passagers endormis.

Du bruit, encore du bruit, toujours du bruit, du bruit sur terre, du bruit dans les airs, on ne fait plus rien sans bruit, même les bonnes œuvres.