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LUCIFER

« C’est pas d’refus ! »

De quel ton il vous répond ! Ça n’est plus la même voix. Voyez comme il se découvre, avance lentement une main qui tremble un peu, crache de côté, et, après un « Salut ! » traditionnel, avale d’un trait et s’essuie la bouche du revers de sa manche.

Mais dès lors, croyez-moi, surveillez la bouteille ; il trouvera des ruses d’apache pour rester dans son sillage, car c’est tout là sa faiblesse.

Une faiblesse qui le prend à époques fixes comme une fièvre quarte. Trois ou quatre fois par année, au changement de saison, il fait ses quatre-temps à sa manière. Un attrait irrésistible l’attire vers la ville où il passera quelques jours à se donner une cuite bien conditionnée, en vue de laquelle il avait grappillé quelques piastres vite liquéfiées. Ayant satisfait sa soif périodique, il retourne à ses bois en attendant la cuite suivante.

Mais, direz-vous, je ne vois pas bien de Lucifer dans tout cela ? Au fait, j’oubliais.

Une épaisse cheminée de maçonnerie occupe