Page:Sylvain - En flânant dans les portages, 1922.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Histoire d’un goujon

Les pêcheurs sont de grands
enfants, méchants sans le savoir.

Je suis un pauvre petit goujon, pas bien gros, pas bien long. Mon histoire est banale, banale comme mon espèce. Je vous la conte, écoutez si vous voulez.

Nous sommes au début de l’été, les merisiers sont en fleurs. Je le sais moi qu’ils sont en fleurs, parce que le vent, qui secoue les arbres et brouille le lac, a fait pleuvoir, depuis quelques jours, de ces petites choses blanches au cœur jaune tendre, qui ressemblent à des mouches, mais qui ne se débattent pas lorsqu’elles tombent sur l’eau.

Donc, il y a deux ans, je naissais dans le ruisseau, le beau ruisseau clair et froid, qui s’amuse sous les les arbres, à jouer à saute-mouton.