Page:Système analytique des connaissances positives de l’homme, restreintes à celles qui proviennent directement ou indirectement de l’observation.djvu/330

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producteur de leurs actes, qu'elles y causent des altérations quelquefois très‑considérables. En effet, l'habitude de fixer notre attention sur certains objets, sur certaines idées, lorsque ces objets ou ces idées nous intéressent beaucoup, ou nous ont fortement frappés, amène les idées excessivement dominantes dont je parle ; et si ces idées sont fortifiées par quelque passion, les effets qui en résultent peuvent être portés si loin qu'ils altèrent tout‑à‑fait à la fin notre jugement à l'égard des objets ou des sujets particuliers que ces mêmes idées ont en vue. Or, comme cet excès surpasse, par son pouvoir, les forces de l'organe en qui s'exécutent les actes d'intelligence qui en dépendent, cet organe alors en éprouve des altérations notables, et nous cessons de maîtriser notre attention qui se reporte toujours, malgré nous, sur les mêmes objets ou les mêmes idées. Le plus faible degré de ce désordre amène les manies ; et l'on sait que, parmi les individus de notre espèce, cette maladie du cerveau est des plus communes.

Mais lorsque, par le concours de quelque passion exaltée, le désordre dont il s'agit devient extrême, l'organe éprouve, par paroxismes des agitations presque convulsives ; et alors se forment en nous des visions de diverses sortes qui nous abusent complètement, semblent même nous