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VIII.

Milord s’était amusé à nager dans le grand canal, après y avoir laissé les fourmis. Celles-ci ne périrent point, mais voguant les unes sur leur brin de paille, les autres sur leur œuf, elles profitèrent du même vent qui avait agité l’habit du maire, pour atteindre à l’autre rive où elles prirent terre par le plus beau temps du monde. Là s’organisant par centuries et décuries, elles formèrent une marche régulière, et, traversant le pré de Joseph Sandoz, elles franchirent pendant la nuit la grande route de Cerlin, (passant sur le corps de Louis Renan, dit le Quarteron, qui revenant des fiançailles de Toinette Redard, s’était couché dans l’ornière pour avoir trop bu de clarette) ; puis, longeant le marais de Chédal, elles vinrent fonder la grande fourmilière qui se voit encore au pied du roc de Mortaise, sous lequel est leur grand grenier central pour les cas de famine.

Pour Milord, ne trouvant plus que sa chemise au saule, il était entré dans une rage concentrée qui peu à peu, s’étant creusé une issue, s’échappa en une débâcle immense de jurons, à commencer par celui de Guillaume-le-Conquérant après la