Page:Tīfāšī - Le Livre de volupté, 1878.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 114 —


assuré de l’état des choses ! — Qu’est ceci, s’écrie-t-il, le pacha d’Égypte me prend-t-il pour son valet pour m’envoyer pareil torchon de cuisine ! Pour me jeter à la tête un abricot où mille doigts chancreux ont cherché remède ! Pour m’offrir, en cérémonie, un tapis où toute une caravane a passé !

Il appelle sa garde, ordonne de fouiller tous les khans (auberges), de se saisir de l’aga et de le lui amener séance tenante. Dociles à son commandement, les soldats obéissent et après une courte recherche — chaque étranger, dit un proverbe, gagne le khan de sa nation — on découvre l’aga et on le conduit devant sa Hautesse.

— Misérable, tonne le ministre courroucé, est-ce à toi ou à ton maître que je dois m’en prendre de ce que tu devines bien ? Parle ouvertement sinon tu es mort !

Dans son trouble, le pauvre diable ne savait que dire, la force lui manquait pour proférer une seule parole.

— Découvre-moi toute la vérité, ajoute le grand-vizir que la figure contrite du malheureux portait à rire, ou bien ton dernier jour est arrivé !

— De grâce, Seigneur, fait alors le misérable, habile à profiter du bon moment, dites-moi si, quand un gibier sans pareil s’offre constamment à portée, un arc peut rester bandé, la flèche en arrêt, de Damas à Constantinople ?