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Page:T. Corneille - Médée, Schelte, 1695.djvu/46

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MÉDÉE.

Hélas ! pendant ce temps, je connois ma foiblesse,
Quels ennuis vous me coûterez !
Je tâche à vaincre les alarmes
Que me cause un soupçon jaloux ;
Mais enfin malgré moi je sens couler mes larmes,
Ingrat, m’abandonnerez-vous ?

JASON.

S’il faut de tout mon sang racheter votre vie,
Je suis tout prêt à le donner.
Partager les malheurs dont elle est poursuivie,
Est-ce là vous abandonner ?

MÉDÉE.

Rien ne m’est plus doux que de croire
Tout l’amour que vous me jurez ;
Il fait mon bonheur & ma gloire,
Mais je parts, & vous demeurez.

JASON.

Je demeure, il est vrai, mais quand on nous sépare
Vous n’avez rien à redouter ;
Partez, les vains efforts que l’ennemi prépare
Ne pourront longtemps m’arrêter.

MÉDÉE.

Il faut donc me résoudre à ce départ funeste.
Soutenez une guerre où vous serez vainqueur ;
Mais conservez-moi votre cœur,
C’est l’unique bien qui me reste.
Je ne m’en repens point ; pour m’attacher à vous