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Page:T. Corneille - Médée, Schelte, 1695.djvu/56

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Mon amour s’en doit alarmer.

JASON.

Cette crainte est injuste ; un éclatant mérite
Peut trop sur les grands cœurs pour ne pas l’estimer.

ORONTE.

Quand sur un espoir légitime
On peut se flatter d’être heureux,
Pour satisfaire un cœur bien amoureux,
Est-ce assez que de l’estime ?

JASON.

Avec un tel secours, si vos feux sont constants,
Aimez, on obtient tout du temps.

ORONTE.

Non, non, dans sa froideur extrême
Je vois le refus de son cœur.
Quelque rival se cache, elle est aimée, elle aime ;
Je pourrai découvrir ce trop heureux Vainqueur,
Et mon bras disputant cette noble victoire,
Fera voir qui de nous en mérite la gloire.

JASON.

L’Amour promet souvent plus qu’il ne peut tenir.

ORONTE.

Jugez mieux d’un Amant que le mépris outrage ;
S’il forme une entreprise, il sait la soutenir.