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Scène III

Créüse, Médée, Nérine, Cléone, Choeur de Corinthiens.

CRÉÜSE à CLÉONE.

Venez, parlez ; qu’avez-vous à m’apprendre ?
Je vois vos yeux baignez de pleurs.

CLÉONE.

Je viens vous annoncer le plus grand des malheurs.
Le Roi ne respiroit que du sang à répandre,
Quand voyant le Prince d’Argos,
Il a paru plus en repos ;
Sa fureur sembloit dissipée ;
Mais dans le temps qu’on n’a rien redouté
De sa fausse tranquillité,
De ce malheureux Prince il a saisi l’épée,
Et lui perçant le flanc, son bras nous a fait voir
Ce que peut un prompt désespoir.

CRÉÜSE.

Hélas !

CLÉONE.

Dans ce malheur extrême,
Chacun s’est empressé de lui prêter secours.
Le Roi dans ce moment a terminé ses jours,
Du même fer il s’est percé lui-même.
Ah, s’est-il écrié, le ciel a donc permis,
J’ai vaincu tous mes ennemis.