Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/153

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Quoi, maraud...

philipin

Oui, Monsieur.

béatrix

Plût à Dieu qu'on le crût.

philipin

Vous êtes Astrologue, ou jamais il n'en fut.
Je sais qu'en l'avouant je perds tous mes services,
Mais j'aime Béatrix Reine des Béatrices, [480]
De tout soupçon ici j'ai dû la dégager.
Depuis plus de huit jours il me fait enrager,
Il contemple le ciel même aux nuits plus obscures,
Il feuillette un grand livre, et fait mille figures,
C'est sans doute par là qu'il a su vos amours. [485]

don fernand

Donc, jaseur insolent, tu causeras toujours !
T'a-t-on ici gagé pour conter une fable ?

philipin

Je n'ai rien dit, Monsieur, qui ne soit véritable.
Ne me fîtes-vous pas encore hier au soir
Remarquer un jardin dedans un grand miroir, [490]
Et quelque temps après n'y vis-je pas paraître
Un homme qu'attendait Madame à sa fenestre ?
Je ne le pus entendre alors qu'il vous parla,
Mais parmi plus de cent je dirais, Le voilà,
Tant je me remets bien son air et son visage. [495]

don fernand

à Lucrèce
Il me perdra d'honneur s'il en dit davantage,
Et bientôt à l'ouïr vous me croirez Sorcier :
Mais puisque je voudrais en vain vous le nier,
Madame, j'avouerai qu'en mon voyage en France
Du grand Nostradamus j'acquis la connaissance, [500]
Avec tant de bonheur qu'il m'enseigna son Art,
Et n'eut point de secrets dont il ne me fit part.
Ce fut donc à hanter ce rare et grand Génie
Qu'en assez peu de temps j'appris l'Astrologie :