Il en trouve toujours l'intrigue bonne et belle,
Et sa démangeaison de les produire est telle,
Que faute bien souvent d'auditeurs plus parfaits, [195]
Il va les débiter jusques à des laquais ;
Mais avant qu'il soit peu vous le pourrez connaître.
Et bien ? Jamais Valet servit-il mieux son Maître ?
Il fait tout ce qu'il peut pour vous en dégoûter.
Aussi pour deux raisons dois-je le souhaiter. [200]
L'une, vous êtes belle, et ce sera dommage
Qu'avec lui vous perdiez le plus beau de votre âge,
Et l'autre, Don Alvar serait son héritier.
Et qui est Don Alvar ?
Un brave cavalier,
Noble, vaillant, civil, bien né, de bonne mine, [205]
Discret.
Que n'est-ce là celui qu'on vous destine,
Et pourquoi votre père, au lieu de ce malfait,
N'a-t-il pas pris pour gendre un homme si parfait ?
Il a bien dans ce choix témoigné son caprice.
Oui, mais ce Don Alvar comme un autre a son vice, [210]
Qui de tant de vertus obscurcit bien l'éclat.
Quel peut être ce vice ?
Il est gueux comme un rat.
Si l'esprit n'est content, le bien est peu de chose.
À l'hymen toutefois je crois qu'il se dispose,
La Soeur de Don Bertran du moins ne le hait pas. [215]
Vous la verrez ce soir.
{{Personnage|ISAB