Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/236

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Il en trouve toujours l'intrigue bonne et belle,
Et sa démangeaison de les produire est telle,
Que faute bien souvent d'auditeurs plus parfaits, [195]
Il va les débiter jusques à des laquais ;
Mais avant qu'il soit peu vous le pourrez connaître.

JACINTE.

Et bien  ? Jamais Valet servit-il mieux son Maître  ?
Il fait tout ce qu'il peut pour vous en dégoûter.

GUZMAN.

Aussi pour deux raisons dois-je le souhaiter. [200]
L'une, vous êtes belle, et ce sera dommage
Qu'avec lui vous perdiez le plus beau de votre âge,
Et l'autre, Don Alvar serait son héritier.

ISABELLE.

Et qui est Don Alvar  ?

GUZMAN.

Un brave cavalier,
Noble, vaillant, civil, bien né, de bonne mine, [205]
Discret.

JACINTE.

Que n'est-ce là celui qu'on vous destine,
Et pourquoi votre père, au lieu de ce malfait,
N'a-t-il pas pris pour gendre un homme si parfait  ?
Il a bien dans ce choix témoigné son caprice.

GUZMAN.

Oui, mais ce Don Alvar comme un autre a son vice, [210]
Qui de tant de vertus obscurcit bien l'éclat.

ISABELLE.

Quel peut être ce vice  ?

GUZMAN.

Il est gueux comme un rat.

ISABELLE.

Si l'esprit n'est content, le bien est peu de chose.

GUZMAN.

À l'hymen toutefois je crois qu'il se dispose,
La Soeur de Don Bertran du moins ne le hait pas. [215]
Vous la verrez ce soir.
{{Personnage|ISAB