Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/235

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N'en est pas fort commune,
Gaie ou triste, selon les changements de Lune,
Quoiqu'il goûte en tout temps assez peu de repos ;
Car il est attaqué de tant et tant de maux,
Qu'outre ceux que le corps éprouve accidentaires [165]
Il en pourrait compter cinq ou six ordinaires.
Il mouche, il tousse, il crache en poumon malaisé,
Pour fluxions sans cesse il est cautérisé,
Goutteux ce que doit l'être un goutteux d'origine,
Toujours vers le poignet muni de la plus fine ; [170]
Joignez à tout cela, vilain, jaloux, quinteux,
Obstiné plus qu'un Diable, et mutin plus que deux,
Malpropre autant que douze en mine, en barbe, en linge,
Rusé comme un renard, et malin comme un singe.
Quant au savoir, jamais on n'approcha du sien, [175]
Il sait mille secrets à ne guérir de rien.
Pour tous ces petits maux de rhume, toux, migraine,
Il compose à ravir l'onguent mitonmitaine,
De chaque saltimbanque il prend leçon exprès ;
Au reste fort dévot, à l'intention près. [180]
Il fait garder chez lui si souvent l'abstinence
Qu'on y jeûne toujours deux Carêmes d'avance.
Voilà de ses vertus le fidèle récit.

ISABELLE.

Je passerais partout s'il avait de l'esprit.

GUZMAN.

De l'esprit ! Ah Madame, il fait des Comédies. [185]

JACINTE.

Ce métier est mal propre à guérir ses folies,
Il en empirera bien loin d'en amender.

GUZMAN.

Comme un Poète fameux il se fait regarder,
Il en a composé déjà plus de vingt paires,
Mais les Comédiens n'en représente guères, [190]
Le style en est si haut qu'ils n'y comprennent rien.
Lui-même toutefois en dit assez de bien,