Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/272

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J'incague les esprits.

DON BERTAN.

Certain désir me presse
D'aller voir en tous cas ce que fait ma maîtresse.
Que pourrait-elle faire à présent  ? Elle dort.

DON BERTAN.

Écoutons de plus près, ronfle-t-elle bien fort  ? [900]
Je ne voudrais pour rien d'une femme ronflante.

GUZMAN.

Soit qu'elle veille ou dorme, elle est fort patiente,
On ne l'entend jamais.

DON BERTAN.

Je m'en vais l'éveiller,
Car j'ai démangeaison beaucoup de babiller.
Qu'en pourrait-elle dire  ? Elle est presque ma femme. [905]

GUZMAN.
l'arrêtant toujours.

Qu'avec peu de respect vous auriez peu de flamme,
Elle pourrait s'en plaindre avec juste raison ;
Mais puisque vous avez cette démangeaison,
Je vous prierai...

DON BERTAN.

De quoi  ?

GUZMAN.

La prière est hardie,
De me dire des vers de quelque Comédie [910]
Car en ayant tant fait, comme célèbre auteur,
Vous en savez du moins quinze ou seize par coeur.

DON BERTAN.

Ma foi, je suis ravi, par ce que tu proposes,
De te voir curieux d'ouïr les belles choses ;
Je t'en aime encor plus, et veux te faire part [915]
D'une pièce admirable où j'ai surpassé l'Art,
Elle est bien pathétique, en sentiments fort tendre.

GUZMAN.

Entrons dans votre chambre, afin de mieux l'entendre.

DON BERTAN.