Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/271

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C'est Guzman, vous m'avez fait blémir. [875]

DON BERTAN.

Que fais-tu là  ?

GUZMAN.

Je cherche une place à dormir.

DON BERTAN.

Le lieu n'est pas mal propre.

GUZMAN.

Ailleurs, ou là, qu'importe  ?
Je fais communément mon gîte à quelque porte.
Étant né des Guzmans, digne race des gueux,
Je me couche toujours sur la dure comme eux ; [880]
Mais de grâce, Monsieur, quelle heure peut-il être  ?
Le ciel est étoilé, vous l'y pouvez connaître.

DON BERTAN.

Sans lune, et sans cadran  ? Mais viens ça, c'était toi
Qui frappais à ma porte, il faut dire pourquoi.

GUZMAN.

Je cherchais du repos loin de troubler le vôtre. [885]

DON BERTAN.

Si quelqu'un avait pris une porte pour l'autre.
Je veux m'en éclaircir.

GUZMAN.

Monsieur, il m'en souvient,
Ce doit être sans doute un Esprit qui revient,
Je crois même avoir vu quelque grande Ombre noire,
Et la chose n'est pas trop difficile à croire, [890]
Car l'Hôte m'a conté qu'on entend quelquefois
Dans cette galerie un bruit confus de voix,
Un Lutin qui tantôt soupire, et tantôt gronde,
Mais qui ne se fait pas entendre à tout le monde.
Vous l'aurez ouï seul, c'est d'où venait ce bruit. [895]

DON BERTAN.

Et tu viens cependant passer ici la nuit  ?

GUZMAN.