Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/346

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Oronte

Elle est vêtue en Dame !

Cliton

À mon plus grand regret.
Ses beaux habits, Monsieur, mangent mon petit fait,
Et comme à plus fournir ma bourse est impuissante,
D’aujourd’hui seulement elle sert de Suivante.

Oronte

Chez qui ?

Cliton

C’est dont ce soir je dois être averti ;
Il est bon cependant que vous preniez parti,
Car si tout votre espoir en Lisette se fonde,
Soyez sûr que pour vous il n’en est plus au monde.
Votre cœur est vacant, et par provision
Vous le pouvez louer s’il s’offre occasion.

Oronte

Malgré le rude coup que ce succès lui porte ;
Tu le verras bientôt brigué de bonne sorte.

Cliton

Il peut de mille vœux se voir importuné,
Mais qui n’en croira rien ne sera pas damné.
Ne me vantez plus tant désormais vos adresses,
Ce matin même encor vous comptiez trois Maîtresses,
Qu’il sembloit que pour vous l’Amour poussât à bout,
Et voilà qu’un moment a fait rafle de tout.

Oronte

Il ne faut pas toujours juger sur l’apparence.

Cliton

Vous faites bien, Monsieur, de vivre d’espérance ;
Tout mal semble léger à qui s’en peut nourrir.

Oronte

J’aurois grand tort, Cliton, de n’y pas recourir,
Puisque pour regagner Dorotée et Lucie
Il est et du soupçon et de la jalousie,
Et que pour mettre aussi Lisette à la raison,
Un diamant éclate, et que l’or a du son ;