Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/350

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Peut-être Dorotée en a fait vanité.

Florame

Non, elle en craint l’issue aussi de son côté,
Et si j’en puis juger aux troubles de son âme,
Ce n’est que par devoir qu’elle accepte ma flamme.

Licas

Quel est donc votre espoir ?

Florame

D’aimer et de mourir
Plutôt qu’au changement je songe à recourir.
Le récit de mes maux pourra toucher Lucie.

Licas

Oui, mais où lui parler sans que l’on nous épie ?
Comme son Frère et vous vous êtes ennemis,
Chez elle aucun accès ne vous sera permis,
Et la voir seulement au temple, ou dans la rue,
Où chacun est témoin d’une telle entrevue,
N’est pas pour l’obliger d’écouter à loisir…

Florame

Je ne le vois que trop, et c’est mon déplaisir.
Aussi n’est-ce pas là que j’ose enfin prétendre,
Qu’après tant de refus elle voudra m’entendre.
Sa suivante gagnée à force de présents
Depuis huit jours près d’elle est de mes Partisans,
Et ce soir au signal trouvant la porte ouverte,
Je hâterai, Licas, mon triomphe ou ma perte.
Dans sa chambre à ses pieds j’irai dans mon transport
Demander un arrêt ou de vie ou de mort,
Sûr de voir aujourd’hui son amour ou sa haine
Par l’un ou l’autre effet mettre fin à ma peine.

licas.
Licas

Mais quand vos cœurs unis auroient mêmes souhaits,
L’apparence qu’Éraste y consente jamais ?

Florame

Ces petits différents où pour peu l’on s’engage,
Souvent pour s’assoupir veulent un Mariage.