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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/354

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Puisque sans demander seulement à les lire…

Dorotée

Donne-les moi, Lisette, et te prépare à rire.
Étant prête à sortir quand je les ai reçus,
Il m’a suffi pour lors d’en lire le dessus ;
Mais quoique Oronte ait part à la galanterie,
La pièce à mon avis vaut bien que l’on en rie.
Sache qu’Éraste et lui m’offrent ici leurs vœux,
Et qu’à la même lettre ils répondent tous deux.

Lisette

Comment ?

Dorotée

C’est assez de quoi faire un assez plaisant conte.
J’écrivois ce matin un Billet pour Oronte,
Et voyant que pour l’autre il sembloit fait exprès,
J’ai voulu l’obliger sur l’heure à peu de frais,
J’ai transcrit le billet, et sans cérémonie
Régalé son amour d’une belle copie.
Son pauvre esprit sans doute y répond de travers,
Voici sa lettre, ouvrons. Ô Dieu ! Ce sont des vers,
J’ignorois qu’il en fît.

Lisette

Ce sont vers de ménage,
Chacun communément en fait pour son usage.

Dorotée, lit.

Transparente beauté dont le cœur est ouvert…
Le ridicule mot dont ce lourdaud se sert !
Et qui me faites voir jusqu’au fond de votre âme…
C’est fort bien commencer à dépeindre sa flamme.
Laissons-là son billet, et voyons le second.
Sans doute en galant homme Oronte me répond,
Et je gagerois bien, avant que d’en rien lire,
Que la moindre pensée est digne qu’on l’admire ;
Son style du premier sera bien différent.

Lisette

L’autre croyoit bien dire avec son Transparent.

Dorotée, lit.

Transparente Beauté…

Lisette

Le mot est bon, je pense,