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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/356

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Dorotée

Sans rien faire paroître il faut dès aujourd’hui…
Mais Dieux, voici mon Père.

Lisette

Oronte est avec lui.

Dorotée

Comme il te connoît peu, demeure ici, Lisette,
J’épierai de plus loin l’heure de sa retraite.
Toi, lorsque tu verras partir notre Vieillard,
Joins Oronte, et l’arrête en ce lieu de ma part.

Lisette, abaissant sa coiffe.

Elle me laisse à faire un joli personnage.


Scène IV

ARGANTE, ORONTE, LISETTE.

Argante

Enfin j’en ai donné ma parole pour gage,
Dorotée est promise, et l’Hymen arrêté
Doit bientôt sous ses lois ranger sa liberté.
Il semble cependant que vous brûliez pour elle,
Dans la rue à tous coups vous faites sentinelle,
Un voisin le remarque, un voisin en discourt ;
Sur un amour si vain, Oronte, tranchez court,
Je tiendrois à bonheur de vous avoir pour Gendre,
Mais l’affaire d’accord vous n’y pouvez prétendre.

Oronte

Si dans votre quartier on me voit chaque jour,
J’y connois cent Beautés à qui parler d’amour,
Et ce seroit en vain que votre âme éclaircie…

Argante

Je sais qu’on parle encor de vous et de Lucie,
Mais comme elle est voisine, et l’honneur délicat,
Ne me contraignez point à faire plus d’éclat,
Et cessant pour huit jours seulement d’y paroître,
Étouffer un bruit sourd qui commence de naître.
Adieu, songez, de grâce, à me rendre content.