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Scène VIII

ORONTE, DOROTEE, CLITON.

Oronte

Maraud, s’il t’arrive jamais…

Cliton

Mais, Monsieur, si Lucie…

Oronte

Il n’est ni si, ni mais.

Cliton

Que faire donc ? Par signe eussiez-vous pu connoître
Qu’elle veut cette nuit vous voir par sa fenêtre,
Et si je n’eusse ainsi mis l’alarme au quartier…

Oronte

Pourquoi n’attendre pas ?

Cliton

J’eusse pu l’oublier,
Vous savez déjà que je suis d’assez courte mémoire.

Oronte

Tais-toi, demeure-là.

Cliton, regardant Dorotée.

Qui l’eût jamais pu croire ?
La gueuse encore l’attend. Pauvre souffre-douleur !

Oronte, à Dorotée.

D’un zèle trop aveugle excuse la chaleur,
Notre alarme étoit fausse, et je reviens encore
Te jurer que je meurs pour toi, que je t’adore,
Qu’en vain de Dorotée on m’ose croire épris,
Qu’elle n’est à mes yeux qu’un objet de mépris.
C’est une beauté fade, et pour moi, je confesse
Que j’ai peine à la voir sans tomber en foiblesse.

Cliton

Au Diable devant moi le mot qu’elle répond.