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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/364

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Dorotée

Enfin vous avez pu me prendre pour une autre,
Selon les lois de d’amour c’est un crime d’État,
Je n’examine rien après cet attentat,
Et veux, pour satisfaire à ma gloire offensée,
Vous bannir de mes yeux comme de ma pensée.
C’est vous traiter encor trop favorablement.

Oronte

Il faudra se résoudre à ce bannissement,
Mais perdant un Sujet de si haute importance,
Je prévois votre Empire en grande décadence.

Dorotée

Je le relèverai, perdez-en le souci.

Oronte

Votre seul intérêt me fait parler ainsi.
Croyez-le, je vous aime, et n’ai point d’autre envie
Que de suivre vos lois tout le temps de ma vie.

Dorotée

Et qui m’en répondra ?

Oronte

Vous, si vous m’écoutez.

Dorotée

Voyons donc, votre fourbe à quoi vous l’imputez.

Oronte

L’innocence jamais n’est assez manifeste
Que quand…

Dorotée

Ce soir chez moi vous me direz le reste :
Là, pour mieux m’assurer de vos intentions,
J’attendrai vos respects et vos soumissions.
Adieu.

Oronte

Cette retraite est bizarre et bien prompte.

Cliton

Sur le point de se rendre elle en a fui la honte,
Et cru qu’il valoit mieux attendre que la nuit…
Mais je commence enfin à voir ce qu’elle fuit.
Ne le demandez plus puisque Éraste s’avance.