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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/367

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ACTE III



Scène I

ORONTE, CLITON.

Oronte

Tu ne dis mot, Cliton ; quelle mélancolie
Fait qu’avec moi ce soir ta belle humeur s’oublie,
Je t’entends soupirer, et te plaindre à tous coups.

Cliton

Ah, Monsieur, que ne suis-je aussi content que vous !

Oronte

Il est vrai qu’affranchi d’accompagner Florame,
Qui manque au rendez-vous où l’appeloit sa flamme,
J’y vais de mon côté l’esprit assez content.

Cliton

Je voudrois bien, Monsieur, en pouvoir dire autant,
Mais d’un étrange mal je sens la rude attaque.

Oronte

De quel mal ?

Cliton

Mon humeur est hypocondriaque,
Et ce mal d’autant plus me tient avant au cœur,
Que peu de Médecins savent guérir l’honneur.

Oronte

Je te crois ; mais Cliton, confesse-moi la dette,
Tu te fâches de voir que je serve Lisette ?

Cliton

Au contraire, Monsieur ; si je suis en courroux
C’est bien plutôt de voir qu’elle se sert de vous.

Oronte

Simple, ne vois-tu pas que c’est ton avantage
Qu’à ses perfections je daigne rendre hommage,