Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/369

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Oronte

Quoi, Maraud, est-ce là le respect que tu dois
À celle dont mon cœur pour aimer a fait choix ?

Cliton

Ah, j’ai tort ; mais Monsieur, quoique je la révère,
Comme un Objet fameux pour avoir su vous plaire,
Et qu’après le haut rang où votre amour la met,
Je n’en doive parler que la main au bonnet,
Si dans quelque logis jamais je la rencontre,
Ou qu’en passant chemin le hasard me la montre,
Ne puis-je point alors en toute humilité,
Avec tous les respects dûs à sa qualité,
Pour la remercier de ses humeurs gaillardes,
Lui donner seulement trois ou quatre nasardes ?

Oronte

Alors tu pourras prendre avis de ton courroux ;
Mais c’est ici le lieu de mes deux rendez-vous,
Et je suis fort trompé si je ne vois paroître,
Malgré l’obscurité, Lucie à sa fenêtre.
Cliton, qu’elle me plaît !

Cliton

Mais Lisette encor plus ?

Oronte

Non pas, quant à présent.

Cliton

Vous me rendez confus.
Pour le moins Dorotée…

Oronte

Encor moins que Lisette.

Cliton

Je ne sais donc comment vous avez l’âme faite,
Tout maintenant…

Oronte

Vois-tu ? Dans mon affection
Je me repois fort peu d’imagination.
La Beauté la plus vive et la plus élégante
Ne me chatouille plus sitôt qu’elle est absente.