C’est aimer à peu près comme il faut que l’on aime.
Aussi commence-t-on à vous aimer de même
Je ne m’en fâche point.
À vous parler sans fard,
Je crois que votre amour est quelque amour bâtard.
Il est vrai que sur lui je garde assez d’empire.
Plus je vous examine, et plus je vous admire.
Tantôt l’œil vif et gai vous faites le Galant,
Tantôt morne et pensif vous faites le dolent ;
Ici l’air enjoué vous contez des merveilles,
Là de soupirs aigus vous percer les oreilles,
Je m’y laisse duper moi-même assez souvent,
Vous pleurez, vous riez, et tout cela du vent.
Quels tours de passe-passe !
Et mon humeur t’étonne ?
Je n’en connu jamais de si Caméléonne,
Chaque objet lui fait prendre un jeu tout différent.
C’est ainsi que l’amour jamais ne me surprend,
Je le brave, et par là rendant ses ruses vaines,
J’en goûte les douceurs sans en sentir les peines.
Quoi, donner tout ensemble et reprendre son cœur,
C’est amour ?
C’est amour, Cliton, et du meilleur.
Mais l’Amour, n’est-ce pas une ardeur inquiète,
(Car si j’y suis Grec depuis que j’en tiens pour Lisette.)