Un frisson tout de flamme, un accident confus,
Qui brouille la cervelle, et rend l’esprit perclus,
Une peine qui plaît encor qu’elle incommode ?
C’est l’amour du vieux temps, il n’est plus à la mode.
Il n’est plus à la mode ?
Il est lourd et grossier.
Que faut-il faire donc pour le modifier ?
Ma conduite aisément te lèvera ce doute.
Examine-la bien.
Ma foi, je n’y vois goutte ;
Si vous voulez m’instruire, il faut mieux s’expliquer.
Écoute pour cela ce qu’il faut pratiquer.
Avoir pour tous Objets la même complaisance,
Savoir aimer par cœur et sans que l’on y pense,
En conter par coutume et pour se divertir,
Se plaindre d’un grand mal et n’en point ressentir,
En faire adroitement le visage interprète,
N’avertir point son cœur de quoi que l’on promette,
D’un mensonge au besoin faire une vérité,
Se montrer quelquefois à demi transporté,
Parler de passion, de soupirs et de flammes,
Et pour ne risquer rien en pratiquant les femmes,
Les adorer en gros toutes confusément,
Et les mésestimer toutes séparément.
Voilà la bonne règle.
Ô la haute science !
Vous savez de l’amour tirer la quintessence.
N’importe, pour Lisette avisez, tout ou rien,
Songez pour elle-même à lui vouloir du bien,
Autrement…