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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/393

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Chassez de son esprit un soupçon qui m’outrage,
Et ne dédaignez pas d’achever votre ouvrage.

Oronte

Est-ce pour me jouer que vous parlez ainsi ?
Si vous aimez Lucie, elle vous aime aussi.
Vous donner rendez-vous à l’insu de son Frère
C’est da la passion une preuve assez claire.
Et vous osez vous plaindre ? Ah, vous me surprenez.

Cliton, bas.

Lui sait-il finement tirer les vers du nez ?

Florame

Puisque vous rien cacher seroit commettre un crime,
Sachez que son amour ne passe point l’estime,
Et que ce rendez-vous qui me fait croire heureux,
N’étoit qu’un trait hardi de mon cœur amoureux.
À de telles faveurs bien loin qu’elle consente,
J’avois par mes présents suborné sa Suivante,
Qui, sans qu’elle en sût rien, me devoit hier au soir
Donner chez elle entrée, et me la faire voir ;
Et ce fut la raison qui me rendit facile
À quitter un dessein plus dangereux qu’utile ;
En vain sans cet abus vous m’en eussiez prêté.

Oronte

Je vous croyois sans doute un peu plus avancé ;
Mais ayant su lever le plus fâcheux obstacle,
Nous n’avons pas besoin de consulter l’Oracle,
La victoire est à nous, et j’ose m’en vanter.

Florame

Vous ayant pour second j’aurois tort d’en douter.
Cependant son accueil, après l’aveu d’un frère,
Me va faire savoir ce qu’il faut que j’espère.