Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/400

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Oronte

Quoi, vous me soupçonner de quelque intelligence,
Et croyez sa rencontre un secret entretien ?
Cliton sait…

Cliton

Oui, mon Maître est un amant de bien.

Lucie, montrant Lisette.

Donc ce nouvel Objet qui paroît à ma honte…

Cliton

Il lui parloit d’amour, mais c’étoit pour mon compte.

Oronte

Si vous croyez ce fou…

Lucie

Je sais ce que je vois,
Et suis bien résolue à n’en croire que moi.

Oronte

Quoi donc, c’est tout de bon que vous jurez ma perte ?

Lucie

La persécution que pour vous j’ai soufferte,
Quand un Frère obstiné pour Florame aujourd’hui…

Oronte

Aussi sans vanité vaux-je un peu mieux que lui,
L’obéissance irait à votre préjudice,
Et vous vous obligez en me rendant justice.

Lucie

Gardez que pour punir votre présomption,
Je n’ose enfin la rendre à son affection.

Oronte

Quitte de trois soupirs à grossir l’ordinaire.
Mais consultez-vous bien avant que d’en rien faire,
Surtout, de votre cœur obtenez-en l’aveu.

Lucie

Quoi, ma perte en effet vous toucheroit si peu ?

Oronte

Quoi, vous vous trahiriez, et j’aurois la folie
De me donner en proie à la mélancolie ?
S’en pique désormais qui voudra s’en piquer.
La douleur hier au soir me pensa suffoquer,