Vous m’aimez ?
Je vous aime.
Et moi ?
Je vous adore.
Voyez l’effronterie ; à nos yeux nous jouer !
Mais vous cherchez en vain à ne pas l’avouer,
Vous me connoissez trop pour douter de ma flamme.
Pourquoi donc m’en conter si Lucie a votre âme ?
Par amour.
Quel amour !
Véritable.
Et comment !
J’aime par connoissance, et non aveuglément.
Ma raison se rendant de surprise incapable
Sans rien chercher de plus je m’attache à l’aimable.
Et le trouvant en elle ainsi qu’il est en vous,
Je confonds un amour dont l’appas m’est si doux,
Et crois, sans me noircir vers l’une ni vers l’autre,
Qu’honorer son mérite est rendre hommage au vôtre.
Mais comme on est réduit à choisir tôt ou tard,
Qui vaincra de nous deux ?
C’est un secret à part.
Il faut se déclarer.