Et que s’il se pouvoit il me seroit plus doux ;
De me faire connoître à tout autre qu’à vous.
Il en est peu pourtant qu’avec plus d’assurance
Vous pussiez honorer de cette confidence,
Avant que j’en abuse on me verra périr.
Enfin sommes-nous seuls, puis-je me découvrir ?
Je crains d’être écouté.
Parlez sans vous contraindre,
Quel que soit ce secret, vous n’avez rien à craindre.
Après les différents survenus entre nous,
En quelle qualité me considérez-vous ?
D’ami, pour un grand cœur ce doute est un peu rude,
Si mon devoir m’est cher je hais l’ingratitude,
Je l’avouerai partout, sans vous j’étois perdu.
Ce que je vous devois, vous l’ai-je assez rendu ?
Le Ciel vous est propice autant qu’il m’est contraire,
Je méditois sur vous la vengeance d’un frère,
Et de son sang versé je vois qu’il vous absout.
Suis-je quitte envers vous ?
C’est moi qui vous dois tout.
Mais de ce procédé mon amitié s’offense,
Est-ce que vous doutez de ma reconnoissance ?
Non, mais aucun malheur n’approcheroit du mien,
Si vous ne m’avouiez que je ne vous dois rien.
Qu’a cet aveu de propre à flatter votre envie ?
Tout, puisqu’il faut qu’enfin j’attaque votre vie,