Et qu’un cœur généreux doit être au désespoir,
Quand le moindre scrupule étonne son devoir.
Tout mon sang malgré moi se trouble à vous entendre,
Qui le défendit hier veut aujourd’hui l’épandre,
Et m’enviant des jours par lui seul conservez…
Vous savez encore peu ce que vous me devez,
Et comme un tel secret n’a plus rien qui m’importe,
Chez qui croyez-vous hier que je vous fis escorte ?
Je n’ai pas oublié sitôt qu’avec le jour
Je dois à vos bontés l’appui de mon amour,
Je craignois pour Jacinte, et votre grand courage
Voulut ou dissiper ou partager l’orage.
Vous trouvant attaqué quand vous fûtes sorti,
Savez-vous contre qui je pris votre parti ?
Contre des assassins employez par son père.
C’est ce que je voudrois qu’ils eussent pu vous taire,
Puisque n’ayant plus lieu de vous déguiser rien,
Je dois vous avouer que son père est le mien.
Et m’enviant des jours : et désirant me reprendre des jours.
Quoi, Jacinte…
Est ma sœur, et c’est assez vous dire
Quel devoir veut par moi que notre trêve expire…
Oui, c’est me dire assez qu’une injuste rigueur
Fait un crime pour moi de l’amour d’une sœur,
Mais j’atteste le Ciel ennemi du parjure,
Que je brûle d’un feu dont l’ardeur est si pure,
Que si…
Vous jugez mal de mon ressentiment
D’en croire cet amour l’unique fondement.