Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE IV



Scène I


Nicandre, Arcas.

NICANDRE.

Quoi, sans voir qu’à périr un tel refus l’expose,
Timocrate à sa fuite est le seule qui s’oppose ?

ARCAS.

Seigneur, je l’avouerai, j’appréhendois d’abord
D’avoir peine à gagner le gouverneur du fort :
Quoi que de vos bienfaits Iphite soit l’ouvrage,
Un scrupule léger souvent lui fait ombrage,
Et s’agissant ici de délivrer un roi,
Je craignois seulement l’obstacle de sa foi ;
Mais lorsque sa prison par lui nous est ouverte,
Voir ce roi malheureux s’obstiner à sa perte,
C’est ce qui me confond, et le dernier effort
De ce que peut sur nous la malice du sort.

NICANDRE.

Pour couvrir ce refus encor que peut-il dire ?

ARCAS.

Que pour sa liberté son cœur en vain soupire,
Puis qu’après la disgrâce où le ciel l’a fait choir,
C’est de son seul vainqueur qu’il la peut recevoir.

NICANDRE.

Mais sait-il que sa prise importe à Cléomène,
Que son amour l’expose aux serments de la reine,
Et que même déjà le scrupule indiscret
D’un peuple trop timide ose en presser l’effet ?

ARCAS.

C’est par où j’ai tâché d’ébranler son courage,
Mais d’une haine injuste il veut forcer la rage,