Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/256

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Puisque, pour débrouiller le secret d’un tel sort,
On doit avoir déjà mené Trasille au fort,
Qui, connoissant son roi, va malgré mon adresse
À votre heureux rival assurer la princesse.

NICANDRE.

Souffrons ce dur revers, plutôt que consentir
Que ma vertu s’attire un honteux repentir,
Et que ton trop de zèle aux dépens de ma gloire
Impute à Cléomène une fausse victoire.
Si contre mon amour le destin irrité…
Mais où porte Doride un pas précipité ?


Scène II


Nicandre, Doride, Arcas.

NICANDRE.

Parle, où vas-tu si vite ?

DORIDE.

Avertir la princesse
Du plus noir attentat dont ait rougi la Grèce,
J’en crois à peine encor ce que mes yeux ont vu !

NICANDRE.

Il faut sauver l’état de ce coup imprévu !
Dépêche, explique-toi !

DORIDE.

Seigneur, ce Cléomène
Dont l’orgueil aspiroit au trône de la reine,
De la haute vertu ce modèle parfoit,
N’a pu si bien cacher ce qu’il est en effet,
Qu’en lui le juste ciel n’ait laissé reconnoître
Un fourbe, un imposteur aussi lâche que traître.

NICANDRE.

Que m’apprends-tu, Doride ?

DORIDE.

Un secret éclairci
Qui perdoit la princesse, et vous perdoit aussi.