Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
NICANDRE.

Timocrate sans vous auroit bravé sa haine.

CLÉOMÈNE.

Timocrate avoit lieu de craindre Cléomène.

NICANDRE.

Vous lui cachiez sans doute un dangereux rival.
Mon amour en effet lui peut être fatal.

NICANDRE.

Triompher d’un vainqueur est une gloire extrême.

CLÉOMÈNE.

Je n’en croirois pas moins à se vaincre soi-même.

NICANDRE.

Ainsi, vos feux payez, il vous seroit bien doux
Que la reine daignât étouffer son courroux,
Pardonner à ce roi que votre amour lui livre ?

CLÉOMÈNE.

De pareils sentiments sont toujours beaux à suivre.

NICANDRE.

Nous parlerons pour lui si c’est vous obliger.
Mes vœux dans son destin se laissent partager,
Et c’est de la princesse ou propice ou cruelle…
Mais la voici.

NICANDRE.

Seigneur, je vous laisse avec elle,
Car enfin je sais trop le respect que je dois
À celui que les dieux m’ont destiné pour roi.


Scène IV


Eriphile, Cléomène, Cléone.

CLÉOMÈNE.

Que vois-je qui m’alarme, ô divine princesse,
Aurais-je quelque part dans l’ennui qui vous presse,