Oui je soupire,
Et si tu pouvois voir l’excès de mon martyre,
Tu me confesserois qu’aux plus grands déplaisirs
On n’a jamais donné de plus justes soupirs.
La Fortune à vos vœux paroit si favorable
Qu’en vain j’ose chercher quel malheur vous accable.
Vous pouvez tout ici, chacun vous fait la cour,
Et la faveur du Roi…
Ne peut rien sur l’amour,
C’est là ma peine, Iphite.
Et sa foible puissance
D’un courage si haut étonne la confiance ?
Oui, puisque c’est un sort affreux à concevoir
Qu’être forcé d’aimer, et d’aimer sans espoir.
Ah, Seigneur, voyez mieux où vous pouvez atteindre.
Le rang que vous tenez vous défend de rien craindre,
Et la Princesse, au point de choisir un époux,
Baissera peu les yeux pour les jeter sur vous.
Je veux bien l’espérer, mais s’il faut que j’achève,
Qu’importe à mon amour qu’un si beau choix m’élève,
Si Bérénice… Hélas !
Vous semblez interdit !
L’aimeriez-vous, Seigneur ?
Que ne t’ai-je point dit ?
Apprends, Iphite, apprends, qu’où l’amour est extrême,
C’est l’expliquer assez que nommer ce qu’on aime.